Elodie a écrit :
Il n'empêche qu'entre la 3D over réaliste sur des personnages pas tout à fait humains (Tintin) et de la 3D cartoonesque (Astérix), je préfère la deuxième version.
Il faut quand même reconnaître que les 2 œuvres originales sont très différentes. Uderzo fait partie d'une génération d'après-guerre captivée par la culture américaine et le cartoon (Goscinny a bossé pour Harvey Kurtzman aux Etats-Unis, Morris et Franquin ont commencé dans le dessin animé). L'oeuvre d'Hergé est de 30 ans antérieure à Astérix, et bien plus dans la continuation de strips comme Bécassine ou la famille Fenouillard (l'intérêt de Tintin étant bien sûr que la série s'émancipe très vite de cet héritage pour explorer le langage de la bande dessinée). Ce qui fait que le dessin de Uderzo (ou de Franquin, ou du Morris des débuts) est naturellement plus porté sur le mouvement et l'élasticité, quand celui d'Hergé reste beaucoup plus dans un cadre "réaliste" pour ce qui est des mouvements et des attitudes. Peu de déformations, peu d'exagérations...
Partant de là, ça ne semble pas absurde d'utiliser la motion capture pour animer Tintin, alors que ça semblerait bizarre de faire de même pour un Astérix beaucoup plus élastique et cartoonesque, qui se prête beaucoup plus à du squash & stretch dans tous les sens etc.
De la même manière, les influences du dessin animé dans le trait d'Uderzo permettent d'animer son dessin quasiment tel quel sans en perdre l'essence, alors que c'est beaucoup plus difficile pour le graphisme d'Hergé. Par exemple, les personnages d'Uderzo ont des yeux avec des pupilles cernées de blanc alors que les yeux des personnages de Tintin ne sont que des points... Dans la bande dessinée, ça passe très bien, puisque les personnages sont investis mentalement par le lecteur, et que donc leurs visages simples permettent de ne pas faire écran à l'identification. Mais au cinéma,c 'est plus compliqué, puisqu'on est alors spectateur de personnages qui vivent leur vie seuls. Il faut donc trouver un autre moyen de leur insuffler un supplément d'âme. Je pense que c'est pour cela que Spielberg a choisi d'insister sur un certain photoréalisme (je suppose que ça part d'une envie d'"humaniser" les yeux des personnages, qui influe sur le design général).