>Thomas: Ben donc Tsuka m'a devancé ds sa réponse concernant "la " méthode japonaise
Et donc, même si ce n'était pas mes propos, tu as très bien fait d'apporter cette précision.
Concernant la mise en scène et la fabrication, on a utilisé tout ce qui pouvait rendre la série plus économique (particulièrement à l'anim -qui est la partie la plus coûteuse- en utilisant des codes japonais (qui ont fait leurs preuves, c'est le moins qu'on puisse dire), chaque fois que c'était la solution la plus efficace pour faire passer une idée (dans le mouvement, l'ellipse temporelle, ou les émotions des personnages).
Mais on ne s'est pas réduit à ça, nous avons travaillé avec Thomas Digard pour arriver à un style d'anim qui prenne ce qu'on considérait, (pour cette série) comme le "meilleur" (dans le sens de plus efficace) du style cartoon américain, mélangé aux codes d'anim jap (les slides -reglettes ou "glissement" d'éléments, ici les personnages- ainsi que certains fameux codes issus du manga, genre les gouttes de tehon).
Ces codes japs ont eu beaucoup de mal à passer auprès des chaines, et au début on me demandait systématiquement de les enlever. La situation a changé à partir du moment où nous avons eu un plan où Bernie était vu de dos et l'on voyait une ou plusieurs grosses gouttes sur son gilet -il venait de se faire afficher grave.
Les chaînes ne "comprennaient " pas comment le gilet pouvait suer, et d'une manière aussi graphique de surcroît. Ca a été pour moi le moment idéal pour leur expliquer qu'il s'agissait d'un symbole (un "code" que tous les enfants du monde entier comprennent aujourd'hui), et que c'était le moyen le plus efficace pour transmettre l'idée de la honte sans avoir à rajouter un plan supplémentaire serré sur Bernie, qui aurait ralenti la narration inutilement en plus de demander une ligne de dialogue éventuelle. (Nous avions ds chaque épisode déjà énormément de plans auxquels nous tenions et qui étaient indispensables à la narration, ou au style dynamique de la série.) Ils ont convenu que mon propos était sensé et ne m'ont plus posé de problèmes concernant ces grosses goutes.
A ce moment là, j'étais très fier de cette petite victoire sur les chaînes, sachant que je venais d'oeuvrer pour l'ensemble des productions françaises à venir (on avait désormais droit aux gouttes japs! ), mais au fur et à mesure de la série, c'est moi qui me suis lassé de ce code, et j'ai progressivement éffacé la quasi totalité des gouttes qui fleurissaient à tire-larigot sur les storyboards, ne conservant que celles qui étaient absolument indispensables à la narration, à savoir la façon la plus rapide et efficace de transmettre cette information.
Cette situation m'a rappelé les propos de mon prof de dessin au Lycée, qui me disait, concernant un dessin "japonisant" que j'avais dû commettre, que les codes que j'employais étaient des "codes morts". A l'époque je n'étais pas du tout d'accord avec lui et je m'étais dit que c'était un vieux con dépassé. Aujourd'hui après cette expérience, et en ayant réfléchi à tous les grands films d'animations japs, (ou productions matures ou un tant soit peu sérieuses/ ambitieuses dans leur propos), je me suis rendu à l'évidence que ces codes ne sont jamais utilisés. Et ce sont ces films qui font avancer le schmilblick et innovent, ou sont en mesure de créer des émotions profondes et durables.
Monsieur, vous aviez raison.
Mais je m'égare.
Une des grandes envies qu'on a eu avec Klotz, concernant la mise en scène, c'était de faire, chaque fois que la situation le permettait, un découpage le plus cinématographique possible , et vu qu'on était dans de la comédie, la parodie de films c'est imposée très naturellement au fil des épisodes. Cette tendance a trouvé son paroxysme dans le traitement des épisodes 47 et 49, qui reprennent en vrac, Scarface, Snatch, Terminator, Alien, et The Faculty. Dans d'autres épisodes y'a plein d'autres références disséminées ça et là, à vous de les trouver si vous regarder les épisodes.

On a essayé d'en rajouter une couche aussi en post prod au niveau réalisme des plans quand y'avait de l'action en retraitant l'image sous After Effects selon les effets désirés, c'est Thibaud Caquot, mon monteur surdoué et rapide qui a accompli cette tâche excitante, sur laquelle on s'est bien éclatés. Le boulot de bruitage et musique exceptionnel qu'a accompli toute l'équipe de KBP, et en particulier Bruno Guerraçague et Nick Varley a fini de parfaire l'illusion et le tout a été régulé par les oreilles expertes et le talent impressionant de M. Bruno Mercère, le mixeur.
Voilà concernant les influences ou direction qu'on a prises pour "la méthode" de fabrication
>Thomas: pour l'instant y'a pas de DVD qui existe en france, (y'en a qu'en Australie pour le moment -la série a battu des records d'audience là-bas sur ABC- c'est pas comme ici

- et je n'en ai pas d'exemplaire moi-même

), j'espère que qd ça sortira tu les achèteras

, moi en tous cas j'achèterais le DVD de Molly...
Mais en attendant, pour voir un ou des épisodes (ou bouts) je vais voir comment on peut s'organiser avec Monsieur Tsuka...

Bac +2, les enfants... c'est ça la puissance intellectuelle !