Gipo a écrit : 
Bizarre... Tu te bases sur quels exemples de BD Numériques pour dire ça ?
Oui effectivement il faudrait s'entendre là-dessus. Le dernier en date que j'ai pu voir c'était avec un jeune Violoniste ambiance Gipsy de Marini, qui n'aurait pas virer hooligans et serait resté à l’orphelinat. C'est bien fait dans le genre, mais je trouve ça kitch (le format BD numérique pas l’œuvre de l'auteur qu'elle tente de valoriser). Après effectivement je n'ai pas du voir les bons. Ceci étant dit je suis un chien.

^^''''
Gipo a écrit : ma génération a du mal à stopper un film pour jouer avec les boutons de positionnement )
Je ne sais aps si c'est générationnel. La génération qui fait ce travail de découpage attentif, ce n'est ni la notre ni la leur, c'est une démarche d'une certaine catégorie de spectateurs, et c'est transgénérationnel. Et ce qui caractérise la génération d'aujourd'hui,c'est qu'elle zappe, elle ne contrôle pas son attention qui est soumise aux stimuli mis en place par l'appareil médiatique. Et elle n'est pas du tout curieuse: elle connait à fond le paysage éditorial de l'Entertainment mondialisé, mais elle ne sait pas pourquoi il y a des migrants à nos portes. Cela dit, ça aussi ce n'est pas générationnel. La génération serait-elle une illusion?
Je ne veux pas faire de digression pour les digressions, je trouve que c'est très symptomatique, car mon approche critique de la BD numérique (qui est une parenthèse dans une parenthèse) est une conséquence du marché plus qu'un nouvel horizon créatif souhaité par les auteurs pour qui la BD numérique est un moindre mal. Aujourd’hui il y a un trouble de la concentration chez bon nombre de personnes qui nécessite l'usage du mouvement pour capter le spectateur. L'évolution du montage des séries télé et du cinéma en général en mode stroboscopique vient de cette difficulté, où l'attention du spectateur chute à partir d'un certain seuil d'excitation rétinienne. (il est aussi devenu insensible à la complexité et à l’irrationnel, mais c'est un autre problème.) La BD numérique est un symptômes de l'état cognitif de la population.
Gipo a écrit : De même, la BD Numérique peut être stoppée ou parcourue dans tous les sens...
Bien sûr, je ne dis pas le contraire et je partage tout à fait ton point de vue et j'y apporte une petite nuance qui a toute son importance: On peut le faire, mais ce n'est pas induit dans la narration, dans la forme de la BD numérique. Alors que dans la BD papier, l'espace entre les cases est un espace réel, et s'il peut être une figure de style, c'est d'abord un espace qui est dessiné, même la ligne qui compose la case a son importance, elle est en soi un code de narration sur lequel joue l'auteur. Cet espace existe matériellement, et il s'y produit quelque chose.
Ceci étant dit, je ne voudrais pas que l'on puisse mal me comprendre, je ne dis pas "la BD papier c'est mieux, et la BD numérique c'est moins bien". Je rappelle seulement que pris comme œuvre elle est pauvre et maladroite, car la BD numérique n'est pas une œuvre, c'est un outil promotionnel. Et justement faire la comparaison avec d'autres supports d’œuvre comme le roman ou le cinéma ce n'est pas vraiment adapté. La BD numérique n'est ni de la BD, ni de l'animation, ce n'est ni du livre, ni du film, par contre c'est du trailer ou du spot pub. Et ce format hybride qu'est la BD numérique est un outil fantastique pour pouvoir promouvoir son travail et anticiper une possible réalisation animée ou papier, mais cela reste un format transitoire. Et c'est ce format transitoire que je rejette en tant qu’œuvre, car il a tendance à devenir une fin en soi auprès des éditeurs et du spectateurs (ce qui est encore plus préoccupant.
La BD numérique est à la BD ce que la bande annonce est au cinéma. Et avec le temps j'ai tendance à ne plus regarder les bandes annonces des films que je veux voir et dont je connais la teneur (au minimum l'auteur), car il saccage l’œuvre en se figeant sur l'action. Mais oui cela reste un très bon outil de promotion.
(après je pourrais continuer en disant que si la BD numérique est apparue c'est aussi pour satisfaire le besoin promotionnel de la croissance obligatoire du chiffre d'affaire des éditeurs. Quand on lit une interview de Teulé, de Moebius ou Guillon à propos des années 60/70/80, on se dit qu’aujourd’hui avec l'augmentation de la population et de l'accès aux marchés mondiaux, les choses devraient être encore plus tranquille pour les hauteurs, hors ce n'est pas le cas, c'est même l'inverse.)
Après ma critique n'a d'intérêt que pour mettre en garde contre une certaine réduction de l'effort et du soutient des éditeurs auprès des auteurs, condamnés à se soumettre à un format qui uniformise la BD française qui était hier la plus diversifiée au monde. (à commencer par les maquettes de couvertures.) Et c'est de cette diversité, et de cette grande liberté éditoriale que sont né l'une des plus grandes sources d'inspirations pour le monde de l'art populaire moderne ( ce qui n'est plus du tout le cas aujourd'hui). La BD est devenue une industrie à cause des investisseurs qui veulent des C-X75 pour déplacer leurs prostates, et elle souffre des mêmes maladies que le cinéma. Et ça, c'pas bien!