C'est ce qui me fascine dans l'écriture et le style de tonton, c'est qu'il s'adapte et varie en fonction de ce qui est raconté, un vrai kaléidoscope! Et pas forcément manichéen; parfois il se donne le beau rôle, parfois, comme dans cet épisode, on découvre une face plus "sombre" au personnage. Et pourtant, comment ne pas l'aimer? Ce genre de sadisme ne fait-il pas écho au plus profond de nous?
C'est le côté "humain, trop humain" de tonton que je trouve à chaque fois fascinant. Il se dévoile tout en restant bizarrement pudique, ni héros ni anti-héros, c'est un personnage complexe, en teinte et demi-teinte que tonton construit. Le fait qu'il voit tout "du point de vue de sa quéquette" comme tu le dis si bien Camille n'est pas simpliste ou n'enlève pas de l'intérêt métaphysique à l'histoire: il touche tout simplement à l'homme quand il ne lui reste plus rien, à l'homme dans son essence, c'est à dire dans sa sexualité et son rapport à elle. Enfin, c'est ce que je pense.
Tonton ne peut rien faire d'autre qu'être lui-même. C'est sa plus grande force et sa plus grande faiblesse. "Stupre"? Certes. Mais l'humanité EST stupre. Tiens, tu me fais penser à une très célèbre tirade de Musset, une des plus belles du théâtre français; tout le monde la connaît, mais j'aimerais la citer parce que c'est vraiment très beau (et c'est d'autant plus amusant que c'est "Camille" qui la dit, cette tirade!):
Tous les hommes sont menteurs, inconstants,faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange; mais il y au monde une chose simple et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui est vécu, et non pas un être factice crée par mon orgueil et mon ennui.