Bonjour, c'est mon premier post ici. Je voulais réagir à cette histoire de kannorip. Je l’avais déjà fait sur le forum cité plus haut, mais en anglais, ça ne devait pas dire grand-chose. Pis j’ai changé d’avis depuis, plus ou moins
Tout d’abord je pense en effet, même si je compatie avec mon camarade DJsilt, qui est bien embarrassé dans son rôle d’avocat du diable, que la Yoko mérite clairement quelques coups de règles sur les doigts ET un downgrade certain dans nos estimes. A quelques ressemblances, je pardonnais encore en me disant : « Oui, oh, mais elle compose tellement, elle emprunte/cite de temps en temps, aller c’est pô bien grave ». Seulement, le nombre maintenant très impressionnant d’exemples, sans compter ceux qui ont passé les mailles du filet (combien, allez savoir), fait penser à une logique de travail assez organisée et systématique, pas assumée en plus de ça.
Maintenant donc, je ne vais pas défendre la méchante Yoko, mais essayer de comprendre son fonctionnement.
Le personnage reste très énigmatique est attachant. 42-43 ans (je sais plus), voix de gamine de 6 ans sous oxygène, surdouée de l’instrumentation (avant tout, qu’on ne l’oublis pas : Kanno instrumente et dirige du symphonique très très jeune. Il y a l’exécution aussi, pas que l’inspiration), Kanno semble avoir, à mes yeux, un côté très « écolière désireuse de briller ». Je crois qu’elle s’était plaint dans un article de stagner dans le monde de l’animation et de ne pas réussir à intégrer celui des Elfman/Williams.
De là à penser qu’elle triche consciemment, comme elle se doperait, pour donner l’impression d’une inspiration sans égale (car c’est l’impression qu’elle donne au final, comme un Nobuo Uematsu d’ailleurs, à sa grande époque, qui triche pas mal aussi)…
Je pense qu’il y aussi une composante de puérilité et de juvénilité chez elle, enfin je l’imagine, car je ne la connais pas suffisamment. Mais la fille a l’air très instable, presque autiste parfois sur certaines vidéos. On la qualifie parfois de petit elfe sautillant imprévisible. Elle a aussi un petit côté schyzo dans le personnage qu’elle se construit : Femme mûre un peu monacale, qui écrit son nom en kanji (par exemple dans les photos de Song to Fly), qui aime profondément une musique douce et mélancolique, ambiguë… (ses compositions au piano) d’un côté. Petite ado à moitié lolita de l’autre (cf les images de l’album de Cowboy bebop le film), incontrôlable et toute fofolle, chantant des chansons jungle comico-mélancoliques avec la voix d’une gamine extraterrestre. Il suffit de regarder cette photo en noir et blanc dans Song to Fly, tout en écoutant cats on mars pour s’apercevoir qu’il y a quelque chose d’étrange dans le personnage.
Tout ça pour amener l’idée que Yoko a une certaine personnalité, c’est très peu de le dire. On dit parfois qu’elle n’a pas de style, mais pourtant, son style est reconnaissable, malgré les innombrables sources de ses inspirations. Le fait est que la miss est pour moi plus une arrangeuse qu’une compositrice. Sa valeur ajoutée, c’est l’arrangement. C’est une arrangeuse indépendante, qui pompe à droite à gauche pour exister par elle-même. Ce qu’il y a de beau là dedans, à mes yeux, c’est que l’arrangement devient la composition chez elle, et en cela elle a une valeur énorme en tant que compositrice de musique de film.
On veut voir en Kanno une collectionneuse de hits indémodables, alors que ce qui fait la force de sa musique, plus que beaucoup d’autres soundtrackeurs, c’est le mood qu’elle apporte lors d’une scène. Elle y colle sa sensibilité, et a une faculté sans égale (bon je m’emballe), à la transcender. Sa musique n’est jamais monogame. Elle exprime toujours une palette trouble de sentiments, sur plusieurs couches. Kanno use de la saturation thématique, créant d’innombrables couches musicales qui se concurrencent entre elle au sein d’un même morceau. Il ne s’agit pas de savoir si elle invente la roue ou pas. Mais elle est avant tout une faiseuse de sensation, de sentiments, d’ambiances. Elle a pour cela une maîtrise très « cinématographique » de ses morceaux. J’irai jusqu’à sortir ma comparaison qui tue (hum hum), en parlant de réalisatrice musicale. Voyez les morceaux originaux comme des scénarios, et intéressez vous à ses versions comme des mises en image. Car sa force et son véritable don sont là. La musique de kanno n’est qu’image.
Pour Uematsu, le problème est le même. Il n’est pas créateur de mélodie, mais plutôt architecte. Il travaille la mélodie, utilise des matières premières pour ça, mais c’est sa façon de la tourner, et le choix qu’il fait pour coller à un personnage, qui donne toute sa force à sa musique, sa légitimité.
Bon j’espère que j’ai pas saoulé tout le monde pour mon premier post ici
.
J’oubliais un petit détail, pas à titre d’excuse encore une fois, mais plus par soucis de voir la complexité du problème. On hésite entre les notions d’hommage ou de plagiat pour Kanno. On oublie peut-être celle… de parodie. Elle a une vision très ludique et légère des choses. J’ajouterais que certainement, quelques réalisateurs ont du eux même lui demandé de reprendre, ou de faire du « à la manière de » certains tubes qu’ils avaient en tête. Je pense que c’est le cas dans Cowboy Bebop, avec Watanabe, mais n’oublions pas non plus le film Kamikaze Girl, où on lui a demandé de faire du Sylvie Vartan a tout va
Oublions encore moins le chef d’œuvre Magnetic Rose, où la valeur de son travail tient bien dans un effort sublime d’arrangement sur une œuvre existante (Madame Butterfly de Puccini).
Voilà