Balak : (pas vu ce que tu avais mal compris...)
Effectivement, je suis parti de l'exemple précédent, qui tentait une transformation de BD traditionnelle en Turbomédia, alors qu'il vaut mieux y penser dès la création...
Ceci dit, je viens de revisionner
ton exemple n°2 (le twilight bleu) et j'avoue que ma conviction est quelque peu ébranlée...
...sauf que personne jusqu'ici, à ma connaissance, n'a été capable d'aussi bien maîtriser la mise en page.
Parce que c'est extraordinairement difficile à faire.
Je serais d'ailleurs curieux de savoir comment tu l'as pensée, cette mise-en-page...
Je vais tenter une analyse :
écran 19) Décor d'une demi case mais l'autre moitié contient un cadre-texte (on n'a donc pas le sentiment d'un vide à combler)
20) élargissement du décor, apparition de la fille / disparition du texte (ce texte aurait pu être simplement posé sur le paysage complet, en haut, mais là il a servi à orienter le regard sur l'endroit où se trouvera la fille : confort de lecture, fluidité, élégance)
21) La fille fuit. évocation de mouvement, d'empressement car les cases sont multipliées : 3 case horizontales montrant une simultanéité (au milieu ses yeux, là où se trouvait notre regard auparavant, regardant vers l'arrière, en haut son buste, et en bas ses pieds)
22) les trois même cases, mais la fille trébuche. Déséquilibre détaillé en trois morceaux : les épaules penchées en avant (le fond est à l'avenant : verticalité des arbres au lieu de lignes horizontales), le regard effrayé tourné vers l'avant, le pied sous la racine. (où qu'est été notre regard auparavant, on est poussé à remarquer les différences dans les trois cases)
23) La chute. Case unique plein écran... mais qui servira de fond pour les petites cases qui suivent. (dramatisation, comme un ralenti dans un dessin animé)
24) case superposée : fin de la chute (et on ne voit de la case précédente que le décor). La fille est par terre (la case est en bas) elle sanglote.
25) Même case superposée : elle lève la tête, sent une présence (on est toujours centré sur elle, sur ses émotions, son ressenti)
26) Plein écran avec deux cases (pourquoi ? simultanéité...) : un plan général avec les deux personnages, un gros plan sur l'homme au regard de braise (menaçant ?) (case verticale qui montre sa grandeur, sa noblesse)
27) Le plan général disparaît pour se fixer sur la fille en gros plan, mais il y a un vide entre les deux gros plans encadrés (on peut le percevoir comme la distance psychologique qui les sépare)(la persistance du gros plan masculin évoque son calme, sa sérénité).
28) Le vide qu'on croyait fait de distance se remplit par une main secourable (génial !) : changement total de perception ! Finie la menace, on entame un rapprochement.
29) Plein écran idyllique avec des personnages qui se touchent, au milieu, en plongée. (peu de décor : calme et tranquillité)
30) Explication de la fille, en trois cases verticales successives, allant progressivement vers le gros plan. (pourquoi ne pas les avoir détachées ? Peut-être parce que le dialogue ne devait pas être coupé)
31) Ecran noir, bulle : "regarde-moi" (la fille fermait les yeux, on est revenu dans son esprit)
32) petite case, toujours sur fond noir : elle ouvre les yeux et sent la main sur son visage (on est toujours dans sa tête : elle ne "voit" pas, elle ressent. D'où le noir et le gros plan)
33) idem mais la case est décalée vers la droite, en même temps que son regard (elle obéit à l'injonction et à la main, mais reste encore un peu en elle-même)
34) Gros plan du regard de l'homme en un plein écran lumineux (il a une aura et des yeux incroyables)
35) double-case de simultanéité (une fois de plus) : visage de la fille qui se raccroche à la main posée sur son visage, les yeux levés... et ses pieds.
36) Elle cherche à l'embrasser, toujours sur deux cases (1 : gros plan intime et 2: détail expressif) : elle se met sur la pointe des pieds (fragilité, détail charmant).
37) Baiser en gros plan dans une case située à droite de l'écran... mais une bulle remplit le vide de gauche.
38) Vide comblé par une vue éloignée des amoureux (ils s'embrassent donc dans les deux cases, moment romantique)
39) Choc ! Extension de la case de gauche sur un plein écran qui montre le concurrent, au premier plan, en colère : il vient de les surprendre. (ce "volet d'apparition" permet de passer successivement de la fille vers le couple puis vers le décor et le troisième personnage, en un dézoom révélateur)
40) Là, on passe dans l'âme tourmentée du loup-garou : apparition d'une case de son regard en teintes rouges, posée sur ce même fond bleu emplit de sérénité.
41) la petite case s'élargit, tout comme la colère du personnage, on décale vers ses dents... et on s'attend à une transformation probable.
Hé bien, je maintiens : on peut en comprendre chacune des raisons, à posteriori, mais c'est super dur à faire !
(je m'aperçois, par exemple, que certains effets qui auraient pu être animés ont été au contraire présentés avec des cases multiples... c'est peut-être ce que j'avais omis...)