Bonjour à tous et à toutes.
Ça fait un moment que je suis ce fil, et je me suis (enfin ?) décidé à y aller de ma contribution.
D’abord, me présenter, c’est la moindre des choses. Éric Rondeaux, scénariste (entre autres) des Enfants d’Okura (entre autres). Aïe ! Non ! Pas sur la tête !
Je ne reviendrai pas sur la polémique à l’origine de ce fil. Du reste, il n’y a pas vraiment polémique puis que les « emprunts » (inspirations, hommages, plagiats, copier-coller, piratages, décalques, pompages, duplicatas, reproductions, photocopies, maggiorisations, etc. faites votre choix) qui ont servi à monter le dossier graphique de ce projet sont : primo incontestables, secundo reconnus par l’intéressé lui-même.
OK, c’est mal (comme de croiser les effluves). Ça aussi, il l’a reconnu, qu’il aurait pu éviter de copier (pas que c’était mal de croiser les effluves).
Que ça continue à en énerver quelques uns, je le comprends.
Maintenant, ce que j’aimerais vous dire (la raison pour laquelle je m’offre au lynchage cybernétique), c’est que les Enfants d’Okura, ce n’est pas que le dossier de présentation graphique « vendu » à La Perrine et France 2.
Ah non ?
Non.
Il y a plus de trois ans, j’ai été contacté par Les Films de La Perrine pour travailler sur ce projet. À l’époque, il n’était constitué que de quelques dessins (les trop fameux, dont je n’avais pas relevé les origines — n’ayant pas votre culture du manga et de l’anime), et de quelques pages de texte.
Depuis, nous avons beaucoup travaillé sur ce projet. J’ai d’abord écrit une bible qui fait pas loin de 30 pages, développé des scénarios, des synopsis, réfléchi à une continuité des 26 épisodes.
Une série d’animation, tout comme n’importe quel film, qu’il soit peint sur cellulo, calculé dans un ordinateur, tourné sur un plateau, avec des personnages en 2D, en 3D, en chair et en os, en caoutchouc, en pâte à modeler ou en crottes de nez, c’est aussi une histoire. (C’est étonnant cette faculté des graphistes — ils ne sont pas les seuls — à oublier l’importance du texte. Je précise que j’ai été 5 ans à la Maison des Artistes en tant qu’illustrateur, roughman et story-boardeur, pour la pub, donc graphiste moi-même.)
Les Enfants d’Okura, en l’état actuel, c’est donc surtout des mots (des mots dont la vocation est de s’effacer derrière les images et les sons auxquels ils auront donné naissance, dont ils sont donc, en quelque sorte, la matrice).
Huit scénarios, une bible et une arche narrative. Plus de 300 pages. Des mois de boulot. De la sueur, du stress, des matins pâles et des nuits blanches, des ampoules au bout des doigts, des centaines de fautes d’orthographe à corriger, des litres et des litres de 12 ans d’âge (quand il y en a, sinon on se rabat sur l’ordinaire, le tout-venant comme disait l’autre)... et les seuls copier-coller sont ceux qui évitent d’avoir à se retaper les en-têtes des scénars. Internes, donc, les copier-coller, je précise.
Plus tard, bientôt si tout va bien, viendront les designs, les story-boards, les layouts, les line-tests, l’anim, le compositing, les voix, la zique et la post-prod, enfin bref, tout le bazar qui fait qu’une série d’anim (un film, un court, un long, etc.) est (presque) toujours un travail d’équipe.
Mais vous saviez déjà tout ça, évidemment. Non ?
En d’autres termes, ce que j’essaye de vous dire c’est que nous essayons, tous ensemble (je travaille maintenant avec deux autres scénaristes, deux amis, Marc Perrier et Thomas Bourgue — ce dernier également connu sous le pseudo d’Akatomy, rédacteur en chef du site Sancho does Asia, qui dira peut-être quelque chose à certains d’entre vous), avec le réalisateur Marc Boréal (voir plus bas), avec la production, avec France 2 et évidemment avec Mark Maggiori, de faire la meilleure série possible.
Avec honnêteté, ambition et enthousiasme.
Les Enfants d’Okura, c’est une tentative d’hybridation entre culture japonaise et culture occidentale, une sorte de manga à l’européenne (c’est ce qui a séduit France 2).
C’est aussi un feuilleton, ce qui ne se faisait jamais jusqu’à très récemment et qui est très excitant (et très difficile) à réussir.
Bref, c’est un projet qui aurait dû susciter l’intérêt de beaucoup d’entre vous ici si toute l’attention ne s’était pas focalisée sur « l’affaire Maggiori ». Quelles qu’en soient les origines contestables, je vous demande de juger la série sur ce qu’elle sera réellement, pas sur un dossier de présentation dont aucun élément n’apparaîtra au final (ça, je peux vous le garantir).
Si c’est possible, nous vous fournirons très prochainement des éléments qui vous permettront de vous forger votre propre opinion. Littéraires et graphiques.
Nous avons également en projet la création d’un site qui vous permettra de suivre les progrès de la production (dont je rappelle que seule l’écriture a démarré à ce jour).
J’espère que vous lirez ces lignes avec l’esprit ouvert, la bonne humeur, l’honnêteté intellectuelle et le sens de la mesure qui caractérisent... euh... qui caractérisent la plupart d’entre vous.
Voilà.
Amicalement. À+
Quelques précisions :
- France 2 ne donne pas 6 Millions d’euros d’argent public pour produire la série. Une série d’animation n’est quasiment jamais produite avec de l’argent 100% français, public ou privé. En pratique, ça dépasse même rarement 50%, et ces 50% ne viennent pas uniquement du seul diffuseur principal ;
- Le réalisateur de la série devrait en principe être Marc Boréal. Mark Maggiori devrait en assurer la direction artistique. Quant à moi, je m’occupe de la direction d’écriture et de l’écriture d’un certain nombre d’épisodes (la moitié environ si je ne fais pas un nervousse braikdonne avant) ;
- Le studio IG devait bel et bien coproduire. Nous avons même dîné ensemble à Paris (ne me demandez pas les noms, j’avoue ne pas les avoir retenus, mais d’autres pourraient vous les fournir). Finalement, ça ne s’est pas fait avec eux pour des raisons complexes de coprod (ceux qui connaissent un peu le boulot savent que c’est loin d’être évident) ;
- La production n’a pas encore vraiment commencé. Nous avançons sur l’écriture pour prendre un peu d’avance.
- Je ne suis pas Mark Maggiori.
edit: p'tit posteur? Comment ça, p'tit posteur?
