http://www.actuabd.com/IMG/pdf/2004_UNE ... SINEES.pdf
...2004, l'année de la concentration
* Concentration sur la production : le marché est toujours porteur et 3070 livres appartenant au monde de la BD (dont 2120 nouveautés) ont été publiés en 2004.
* Concentration de l'édition : 207 éditeurs (ils étaient 185 en 2003) ont publié des BD en 2004, mais plus des 3/4 ont été édités par seulement 23 d'entre eux.
* Concentration sur les valeurs sûres : le nouveau “Titeuf” (tiré à 2 000 000 exemplaires) écrase tous ses éventuels concurrents, mais de nombreux grands classiques bénéficient également de tirages faramineux.
* Concentration sur la BD étrangère : si l'heure est à la mondialisation, les 754 BD japonaises ou coréennes (mangas ou manwhas) restent les plus appréciées par un public jeune et représentent un marché de plus en plus important.
* Concentration sur les métiers de la BD : 1298 dessinateurs ou scénaristes de plus en plus polyvalents sont employés sur le territoire francophone européen.
* Concentration sur les adaptations et les autres médias : source d'inspiration pour d'autres formes d'art et de supports, la BD prend conscience de sa valeur.
* Concentration sur la portée de la BD : aujourd'hui, “BD” rime élégamment avec “diversité” et “rentabilité” !
* Concentration sur l'intérêt que la BD suscite : ce média est désormais bien implanté, même auprès des institutions.
© Gilles Ratier* Concentration sur la BD étrangère : si l'heure est à la mondialisation, les 754 BD japonaises ou coréennes (mangas ou manwhas) restent les plus appréciées par un public jeune et représentent un marché de plus en plus important.
Devant l'importance prise par la BD étrangère (particulièrement japonaise et américaine), les éditeurs francophones ont tissé des liens suscitant une collaboration entre des artistes venus d'horizons différents. Des dessinateurs s'inspiraient déjà des codes graphiques des mangas ou des comics, mais, désormais, nous assistons à de véritables échanges : les auteurs de chez Semic arrivent à travailler aux USA, les cadors de la BD franco-belge planchent sur des versions exportables des plus célèbres super-héros de l'univers Marvel (représenté par Panini en Europe) et des projets similaires concernant les mangas sont en cours chez Kana ou chez Génération Comics. Enfin, Les Humanoïdes associés, adeptes de ce principe depuis la résurrection du magazine Métal Hurlant, ont réussi à faire diffuser et publier leurs albums aux USA via la firme DC Comics, éditeur de “Batman” et de “Superman”.
Cependant, c'est la BD asiatique qui continue à être la plus traduite sur le territoire francophone : on comptait 521 mangas l'an dernier, il y en a eu 754 en 2004 (soit une augmentation de 233 titres (contre 144 en 2003). Grâce aux mangas, la BD retrouve un public populaire (jeune et féminin), sensible au fait que ces ouvrages sont peu onéreux (pour une quantité importante de pages) et que les nouveaux tomes de chaque série se succèdent dans des délais très rapprochés : c'est d'ailleurs l'un des principaux facteurs d'augmentation de la production BD. Notons qu'au Japon, la production est segmentée à l'extrême et que le marché en réclame toujours plus : la montée en puissance du manga (et de ses méthodes de travail) en Europe est donc inévitable. D'ailleurs, aujourd'hui, toutes les librairies ont des rayons spécialisés en mangas et tous les éditeurs traditionnels de BD ont une collection ou un label spécialisé dans ce secteur lucratif dominé par Glénat, Média Participation (avec Kana) et Pika (le seul à n'éditer que du manga), qui, à eux trois, concentrent plus de 80 % du marché. Viennent ensuite Tonkam, Panini (avec Génération Comics), Flammarion (avec J'ai Lu et Casterman), Delcourt (avec Akata), Soleil (avec Végétal Manga), SEEBD (avec Saphira, Kabuto, Akiko et Tokébi)…, puis les tentatives plus isolées de Vertige Graphic ou d'Ego comme X. Désormais, tout le monde veut une part du gâteau : les nouveaux venus se pressent sur le palier (IMHO, Ki-Oon, Muteki, Matière, Carabas, Punch Comics et Asuka) et ceux qui sont déjà en place développent de nouvelles collections (“Made in Japan” chez Kana, “Senpai” chez Pika, “Sakka” chez Casterman…).
Ainsi, 22 éditeurs se partagent la force commerciale de ce secteur phare et, en 2004, les plus gros tirages des mangas ont été
“Naruto” (60 000 ex.),
“Yu-Gi-Oh”,
“Gunnm Last Order” (50 000 ex.),
“Fruits Basket”,
“Shaman King”,
“Samouraï deeper Kyo”,
“Hunter x Hunter” (40 000 ex.),
“Love Hina”,
“Saint Seiya : les chevaliers du zodiaque” (35 000 ex.),
“Neon-Genesis Evanlegion” (33 000 ex.),
“Captain Tsubasa world youth”,
“Angel Heart” (30 000 ex.),
“Get Backers”,
“Inu-Yasha”,
“One Piece”,
“Nana” (25 000 ex.),
“Say Hello to Black Jack”,
“Chobits”,
“Slam Dunk”,
“Alice 19th”,
“Step up Love Story”,
“Devil Devil”,
“Bleu Indigo”,
“Ken” (20 000 ex.),
“20th century boys” (18 000 ex.)…,
sans oublier les rééditions de “Dragon Ball” (20 000 ex.) et “Chonchu” (15 000 ex.), l’un des 137 manwahs publiés parmi les 754 BD asiatiques traduites en 2004.
Cet engouement est tel que les mangas possèdent même leurs revues de pré-publications (Shônen, Magnolia, Coyote, Tokebi, Mangas Hits…) et de critiques (Le Virus Manga, AnimeLand, Mangajima…).
En revanche, le nombre de magazines publiant des BD américaines super-héroïques (“Spider-Man”, “X-Men”, “Superman”, “Batman”…) continue de baisser (30 fascicules tirés entre 25 000 et 40 000 ex. paraissent régulièrement, contre 42 en 2003) ; cependant, les amateurs de comics existent toujours puisque 163 BD américaines (soit 8,21%) ont été publiées en albums (contre 142 en 2003). Ce secteur est toujours entre les mains de deux groupes (Panini et Semic), lesquels investissent de plus en plus dans les produits de librairies tout en visant d'autres marchés étrangers. Alors que l'on dénombre aussi 32 BD italiennes (contre 35 en 2003), 20 BD espagnoles (contre 9 en 2002), 9 BD flamandes (contre 6 en 2003)…, on obtient, au total, 1020 traductions -tous horizons confondus- (contre 767 l'an passé), c'est-à-dire 48,11% (44,33% en 2003) des nouveautés. Réciproquement, à l'étranger, la BD européenne souffre toujours un peu pour s'imposer, malgré les ouvertures récentes vers les USA (forte présence de la BD française dans les nominés aux "Eisner Award" même s'il n'y a eu aucun élu) ou vers les pays de l'Est. D'après les éditeurs, le marché le plus prometteur, actuellement, semble être l'Asie avec la Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong ou la Chine ; cependant, le Japon, quant à lui, reste une forteresse imprenable.