Juste un mot à propos de ce court métrage que certains se plaignent de ne pas avoir vu.
Franchement vous perdez pas grand chose.
Ok la danse du mouton est sympa (on sait qu'ils savent faire des chouettes anims), mais à part ça, je trouve que l'idée est vraiment pauvre et aboutit fatalement à un film (un peu?) décevant.
Pas de surprise, pas de "twist" (comme disent nos amis anglosaxons -prendre un concept connu et bien assimilé par le public et le "tordre" un peu pour créér une originalité sans perdre le public), pas de fossé narratif (le protagoniste fait une action pour rétablir son quotidien qui a été bouleversé par un évènement, et il se produit un "fossé" entre action et résultat).
Le personnage est passif, sa vie est changée et il subit.
C'est un personnage fictif ("deus ex-machina") qui lui règle son problème. Donc après, ça va, et il se contente de faire comme on lui a appris pour prendre la vie du bon côté.
Je suis pas infographiste, mais je trouve la 3D et les décors franchement vieillots (ces courts-métrages servent -servaient?- de laboratoire pour essayer de nouvelles choses en technique, où est l'innovation?)
En fait, la technique on s'en fout (si si, on devrait

), ça ne fait pas un film, mais là y'a pas vraiment grand chose sur quoi se rabattre.
Bien qu'ils ne soit pas très orthodoxes dans leur construction technique, certains courts-métrages tirent leur épingle du jeu par une sorte d'âme, de sensibilité qu'on appelle communément "poésie". Ben là on sent même pas ça. On a juste une chanson de bourrin sympa (une comptine à l'américaine) et c'est sensé être le propos du film.
Si le fameux "esprit" Pixar était là pour te rappeler régulièrement "hé c'est du second degré, hein, -wink- on s'amuse de ces codes et de cette esthétique qu'on connait tous!", ben y'aurait pas de problème et on pourrait tous se dire waaah c'est des oufs comment qu'ils ont tout compris!
Mais là le film, à mes yeux en tous cas, reste ambigu. T'as l'esthétique et le niveau de gags de "La ferme se rebelle" (et ses glorieux modèles -je parle des courts Disney des années 50-60), et aucun décalage plein d'ironie qui vient te rassurer.
Je passe sur le découpage douteux ("hasardeux" est-il plus politiquement correct?), après tout ça ne plombe pas un film ("Kirikou" a fait un carton, car il possédait ce charme et cette "poésie"), mais associé aux lacunes précédemmment exposées, ça en rajoute une couche pour l'indigestion.
En fait, si j'écris ces quelques lignes, c'est pas juste pour le plaisir de défoncer ce petit film, ça n'a pas d'intérêt et je me serais abstenu de tout commentaire. En fait si j'écris ces lignes c'est parce que j'ai peur.
En sortant du cinéma, encore sous le choc de la merveille "Incredibles", je me suis immédiatement remis à penser à ce "Boundin", et la réflexion que je me suis faite m'a angoissé. Je m'explique:
-Ce que je viens d'exposer, il va sans dire qu'un mec de la carrure et avec l'expérience de Lasseter en est tout à fait conscient.
- J'ai cru comprendre qu'ils comptaient à court terme réussir à sortir un film tous les ans.
- Le concept et les visuels de "Cars", réalisé par le même Lasseter, me font froid dans le dos.
-Lasseter parle régulièrement d'économie, il est tout à fait conscient des enjeux et de la pression financière qui pèse sur Pixar et des attentes de ses actionnaires.
-Lasseter a, lors de nombreuses interviews, plombé le principe qui semble avoir été érigé en institution chez Dreamworks/PDI de faire un film à base de gags et de clins d'oeils parodiques, mélangé à la sauce vieux tubes connotés, expliquant que ça ne ferait jamais des oeuvres pérennes.
Tout ça mélangé dans ma ptite tête me fait spéculer et craindre, en vrac:
que "Cars" soit un tout "petit" film dans son propos, et qu'il fasse juste un succès honorable sans casser la baraque (Pixar va pas servir la meilleure soupe à Disney juste avant de divorcer).
Que le film d'après ("Ratatouille") soit de la balle atomique (voilà ce qu'on fait quand on est tous seuls!)
Qu'il s'installe un roulement (à la Disney) un film chanmé - un film moyen, aussi bien financièrement que conceptuellement, afin de satisfaire les actionnaires.
Que Pixar, vu la quiche mise à Dreamworks sur les concepts "référentiels", ne se retrouve régulièrement à envisager de faire du "Boundin", de la référence aux vieux Disney, avec plus ou moins d'ambiguïté (euh... ils sont sérieux là ou c'est du second degré?)
Pourquoi, pourquoi, POURQUOI Lasseter a-t-il donné le feu vert et laisser sortir un court-métrage aussi indigent?
Est-ce que c'est juste parce qu'il y avait personne qui avait mieux à proposer? Chacun a présenté son projet, comme aux Gobelins, ils ont voté et ont dit "Ok machin, c'est ton film de mouton qu'a gagné." ?
Franchement si c'était rien que ça, je trouverais ça flippant. Mais en plus personne a pris le gars par la main pour lui dire "bon attends mon gars, c'est mignon ton histoire de mouton là, mais va falloir retravailler tout ça parske pour l'instant c'est vraiment trop lège."
Ou alors ça s'est terminé en "ah nan mais attends j'ai un pur hibou là, trop marrant, qu'on animera super marrant sur la musique, et puis les moutons ils auront des voix trop marrantes de gros culs terreux.
Bon d'accord."

Bac +2, les enfants... c'est ça la puissance intellectuelle !