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Dossier d'Animeland
Novembre 2001


Molly Star-Racer, la French
Touch reste en France !
Molly au Forum Cartoon

Vous l'attendiez, ils l'ont fait ! Trop s'avancer est parfois préjudiciable pour celui qui pronostique l'avenir (demandez a Paco-Rabane), mais risquer des louanges de temps en temps, ça ne fair pas de mal.

Depuis douze ans se déroule au mois de septembre, le Forum Cartoon, marché de l'animation exclusivement réservé à l'Europe, où producteurs et investisseurs se rencontrent, voient des films et décideront de nous surprendre ou de nous endormir par leur choix judicieux de séries.

Cette année la société de production Sav ! The World, dirigée par le scénariste-producteur Savin Yeatman-eiffel, a marqué le coup en proposant un pilote dynamique et chaleureux : Molly Star-Racer.

Anciennement nommé Oban Racer, ce projet fut mis de côté. Mais à force de persévérance, voilà que le temps semble plus clément pour Sav! The World.
Les petits gars n'ont pas lâché l'affaire, ils se sont remis au travail et le résultat est fulgurant: Molly Star-Racer se place dans le top-5 des projets les plus populaires du Forum Cartoon, sur plus de 87 projets présentés au total cette année, et se place carrément en deuxième position pour le nombre d'investisseurs présents dans la salle. Les temps ont changé!

Réalisée par Savin et Thomas Romain (directeur artistique), la série est « crayonnée » par Thomas (eh oui, encore) et deux autres férus d'animation, Loic Penon pour le chara design et Stanislas Brunei pour le mecha design. Cette jeune équipe n'a de cessé de se référer à l'animation japonaise, sans omettre d'ajouter une pointe de la fameuse touche française que convoitent les Américains.
300 000 Km/h !
(Présentation de l'histoire)

Molly Star-Racer annonce le retour aux grandes sagas épiques dans la lignée de Dragon Ball: une pléiade de personnages hauts en couleurs avec des personnalités très distinctes.

Les plus grands pilotes de l'univers se retrouvent sur la planète géante Oban, située à l'exact épicentre de la Galaxie, pour participer à une course sans merci. Le vainqueur pourra demander au grand mage Isis, le mystérieux organisateur de l'épreuve, d'exaucer son vœu le plus cher. Bataillant désespérément contre les puissants Crogs, les Terriens envoient leur meilleur pilote pour tenter de les sortir d'affaire. Malheureusement trop sur de lui, ce pilote est victime d'un sabotage quelques minutes avant le départ de la course. Dans l'urgence, Molly la jeune mécanicienne, est désignée comme héros de la dernière chance. C'est elle qui va devoir assumer la lourde tache de gagner cette course pour les Terriens...

Derrière cette grande intrigue assez simple, la série va développer en pro-fondeur l'histoire personnelle des différents protagonistes, en accordant une part non négligeable à leur passé respectif.

Ainsi on apprendra que Molly, jeune garçon manqué, est la fille du manager de l'équipe terrienne Don Wei, lequel ne semble pas lui prêter la moindre attention. Jordan, co-pilote de Molly et toujours prêt pour la bagarre, a du mal à s'entendre avec sa partenaire... Mais au fil de leurs aventures, il nourrira un sentiment plus qu'amical a l'égard de Molly. Situation difficile, Jordan étant comme un grand frère pour Molly. Des grands, il y en a d'autres et pas très gentils comme le Colonel Toros, petit frère du dictateur des Crogs, ennemis jurées des Terriens. L'énigmatique et hautin prince Aïka (adversaire direct de Molly) sera aussi de la partie sans oublier le petit Lord Further dont l'objeclif est de diriger tous l'univers. C'est impatiemment que nous attendons l'arrivée de cette série, mais pour l'heure, qui sont les auteurs de ce projet ?
SAV ! qui peut, entretien de la mécanique
(Interview)

Entretien avec Savin Yeatman-eiffel, créateur de Molly, co-réalisateur du pilote et directeur de Sav! The World.

AnimeLand : Quelles ont été vos influences ?

Savin Yeatman-eiffel : Molly Star-Racer mélange plein de souvenirs d'enfance les Fous du volant, Star Wars (les premiers Star Wars, pas La Menace... on est bien d'accord). Le Petit prince et toutes les séries d'anime d'aventures dans la lignée de Dragon Ball, qu'on a eu la chance de voir il y a quelques années déjà a la télé française. II y a trois ans, avec cette même équipe à quelques personnes près, on avait proposé Oban Racer, qui était dans la même veine avec un héros masculin. Mais les diffuseurs ne voulaient pas entendre parler d'anime. On a donc rangé Oban dans les cartons et on s'est lancé sur un autre projet ambitieux, d'un genre complètement différent, Thomas & Co. : une chronique de la vie quotidienne basée sur les aventures d'une bande de gamins de banlieue, un truc très réaliste. Molly a bénéficié des progrès qu'on a fait sur ce projet, la rigueur, les parti pris esthétiques... Molly, aujourd'hui, est un projet hybride, qui mélange pèle-mêle humour slapstick*, action, aventure et même un certain mysticisme (Isis a une très bonne raison pour organiser la course, une raison que l'on ne découvrira que dans le tout dernier épisode de la série). Personnellement je suis un grand fan du cinéma asiatique (Hongkong, Taiwan, Japon...)- Ce que j'apprécie énormément dans ce cinéma c'est qu'il n'y a aucune limite dans la façon de raconter les histoires. On peut passer d'une scène comique a une scène extrêmement tragique, et puis rebondir sur une scène d'action, sans que cela ne soit gênant. Les genres se mélangent, s'entrecroisent. L'équivalent en animation n'existe qu'au Japon et c'est un peu de ça que l'on voudrait nourrir nos scénarios. Pour faire passer ce mélange aux diffuseurs, il aura fallu quelques années et surtout que Pokemon et ses taux d'audience records passe par là.

AL : A qui s'adresse la série?

S Y-E : La série vise principalement les pré-ados, mais nous espérons qu'il y aura plusieurs degrés S lecture dans la série et que nous pourrons toucher un public plus large, aussi bien du côté des tout petits, que chez les ados et les adultes fans d'anime.

AL : Qui forme I'équipe graphique ?

S Y-E : les dessinateurs de l'équipe Thomas romain, Loic penon, alias "Loixm", et Stanislas brunet sont très talentueux, mais aussi très complémentaires. Ils ont chacun un univers personnel et des styles très différents. Thomas et Loic avaient déjà collaboré sur le court métrage Squat où Thomas s'occupait plutôt des décors et Loic bossait principalement sur les personnages. Sur Molly, nous avons un peu repris ce système la, mélanger les styles pour enrichir l' ensemble. Thomas est a la fois designer et animateur, il a une gamme de dessin très large. Loixm, lui, vient de la BD, II a un style très underground, très radical. Le mélange des deux sur le design des personnages donne tine gale-rie de héros très varice. Stanislas, lui, s'est occupe de toute la parie mecha design de la série (vaisseau et tous les accessoires). Il pourrait faire fortune en dessinant des carrosseries chez Peugeot, mais heureusement pour nous, il préfère la SF...

AL : Pourquoi avez-vous choisi de la J-Pop comme style musical ?

S Y-E : Les Japonais récupèrent tous les courants musicaux de la planète. II y a du rap japonais, du Hard-Rock japonais le Visual Rock de la house et de la techno japonaise. A chaque fois, sans vraiment créer quelque chose de vraiment révolutionnaire, ils apportent une louche de légèreté a la musique, un côté fun qu'on ne trouve pas ailleurs. Pour Molly on a téléchargé des centaines de morceaux avant de tomber sur cette version remix de hamasaki Ayumi. On se posait plein de questions sur le rythme du pilote, dés qu'on a écouté ce morceau, tout s'est cristallisé d'un seul coup. Thomas (l'autre co-réalisateur du pilote) a calé le story-board sur la musique et boum ! C'est parti. Comme c'est un remix très rapide, on a pas moins de 70 plans sur les premières 85 secondes !

AL : Pourquoi avoir choisi la 3D pour la réalisation d'une série en 26x26, les coûts de production ne sont-ils pas plus élevés que pour de I'animation 2D ?

S Y-E : II est vrai que l'animation 3D revient plus cher. Mais tout dépend des moyens que l'on a à sa disposition et de ce que l'on veut obtenir. Au départ, notre idée, c'était de faire les persos en 2D et les vaisseaux en 3D. Mais cela soulève de gros problèmes d'intégration si on veut vraiment un résultat de qualité. Finalement, l'equipe de SPARX, qui a travaillé sur la 3D du pilote, nous a convaincus de tout modéliser - et franchement je ne le regrette pas. Ils ont fait un super boulot. Pour coller le plus près possible a l'animation 2D, et au style japonais, plus particulièrement, nous avons utilise une technique de rendu 2D avec un gros cerné noir, et nous avons travaille l'animation en Key frame*, c'est à dire que toute l'animation est faite par des animateurs 3D, sans aucun recours à la motion capture*. C'est plus long, mais de cette manière on peut jouer sur des effets très dynamiques pose-to-pose*. La motion capture, je suis un peu allergique. La technologie avance à grand pas, d'accord, mais quand on voit le résultat, on a souvent l'impression de faire un grand retour en arrière, a l'epoque des poupées siciliennes. Les persos n'ont pas de poids, ils flottent dans l'espace, ça bouge de partout, ça perd toute sa force... Fin de la parenthèse, pour en revenir à Molly, je serais bien intéressé de savoir ce que pensent les Japonais de notre pilote. Ce sont les rois de la 2D, mais ils ne sont pas encore très a l'aise en 3D. Qui sait, peut-être qu'on pourrait travailler avec eux sur la série ? Un juste retour aux sources, non ?

AL : Indéniablement votre série a déjà son public, espérons que les encouragements et l'enthousiasme des investisseurs n'étaient pas factices. Une chose est sure, vous avez réalisé le fantasme de toute une génération, il y a tellement d'animateurs ou de spectateurs qui rêvaient qu 'un tel projet voit le jour en France. Bon courage !

Walo

Interview réalisée le 26 Septembre 2001

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1- Slapstick: humour tarte-a-la-crème

2- Key frame: Technique d'animation 3D. Plus chère que la motion capture, elle a I'avantage d'être plus esthétique.

3- Motion capture: pour une meilleure compréhension du sujet lire AL n°72 p. 62. Comme le terme I'indique il s'agit de capture du mouvement et non de création du mouvement.

4- Pose-to-pose: de pose-clé a pose-clé. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de phase intermédiaire entre chaque pose-clé ou phase extrême.