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Interview de Sav! The World - Part1
Japan Expo 2002 - Catsuka / Radio Mon Païs


Interview du Studio Sav! The World
Part 1 - Savin Yeatman Eiffel

Tsuka : Je suis avec le fondateur de « Sav the world », Bonjour Savin, je vais te demander de te présenter.

SYE : Bonjour, je m'appelle Savin Yeatman-Eiffel, je suis le fondateur de « Sav the world », également producteur de la série Molly que j’ai créé il y a 4-5 ans et qui a subit pas mal d’évolutions avant d’en arriver là ou on en est actuellement ... et je suis aussi co-réalisateur du pilote avec Thomas.

En quelques mots j’ai monté « Sav the world » il y a 4-5 ans maintenant après avoir bossé pour d’autres sociétés d’animation française, des expériences intéressantes mais un peu frustrantes, avec des projets qui correspondaient pas vraiment à ce que j’attendais ... avec d’un coté des souvenirs d’animation jap que j’avais vu quand j’étais petit et qui m’avaient profondément marquées, et les série que je pouvais choper en revenant du Japon ... et ce qu’on faisait ici qui était beaucoup plus classique, manquant un peu de délire, de fun, je voulais faire des projets un petit peu plus personnels, un peu plus fouillés que ça.

On a commencé avec un projet qui s’appelait « Urban racer » à l’époque, un concept simple de course mais avec un développement comme dans une série japonaise, avec une série qui se développe d’épisodes en épisodes, avec des personnages un petit peu délirants, un petit peu complexes. On a fait beaucoup de recherches à l’époque, c’était au tout début et c’est là que j’ai rencontré Thomas et un petit gars qui allait devenir important et qui s’appelle Loïc (aka Loixm) et tous les 2 ont fait beaucoup de recherches ... mais ils étaient au tout début de leur parcours dans le dessin et Thomas était encore dans une école d’ingénieur ou un truc dans le genre, il ne pensait pas du tout à l’animation encore à ce moment là.

Petit à petit le projet a mûri, on a fait beaucoup de travail à ce moment là. Le problème c’est que l’animation japonaise avait une super mauvaise presse en France il y a 4-5 ans. On a l’air d’oublier mais il y a eu une super période dans les années 80 et début 90 avec les séries japonaises, mais après y en a peut être eu un petit peu trop de critiques de producteurs français qui voulaient voir de l’animation française, couplées à des réclamations de parents suite à la diffusion de « Ken le survivant », de ce genre de séries qui sont de très bonnes séries mais qui sont peut être passé sur un créneau horaire un peu trop « enfant » ... les gens des chaînes ne voulaient plus entendre parler du moindre rapport avec le Japon.

On a revu un peu le projet en le « dé-japonisant », c'est-à-dire qu’on avait certaines influences qui étaient à l’époque assez japonaises, au niveau du design on a opté pour quelque chose de pus européen, américain ... on a fait un petit pilote et ça a été un peu la galère, c’était le premier pilote qu’on faisait, à l’époque je connaissait pas encore d’animateurs sur Paris et je voulais me préparer à une production de série alors on a fait le pilote en Corée, ça a été compliqué pour faire l’animation, ça a été un petit peu la galère ... on a essuyé beaucoup de plâtres.

On étaient pas super content du pilote qu’on avait au début et puis les chaînes quand elles voyaient une petite boite qui débarquait ils en avaient rien à faire que ce soit un design japonais ou américain (rires).

Donc on s’est dit « ok on retient la leçon, on met dans le sac » et on va attendre que le truc mûrisse un peu plus. On a fait des petits trucs humoristiques pour Canal+ , des parodies d’anims qui sont passés sur les guignols, des parodies de « Barbapapa » et de « Southpark », on a fait un court métrage qui s’appelait « Squat » qui tournait dans les festivals et qui était une manière d’apprendre un peu mieux les techniques d’animation.

Thomas a fait les Gobelins pendant 2 ans et petit à petit on commençait à avancer, c’était dur mais on a aussi fait un projet important pour enfant qui s’appelait « Thomas & Co », au moment ou justement Thomas était aux Gobelins. On en a fait un truc assez sympa vu qu'on connaissait alors des animateurs, on s’est lié a tout le milieu animateur sur Paris et on a fait avec une bande d’animateurs et très peu de moyens un petit trailer de 4minutes qui nous a au moins ouvert les portes des diffuseurs français. On a été reçu, on a enfin remarqué qu’on existait alors que ça faisait déjà 3 ans qu’on existait à peu près et on a signé avec TF1 un deal sur ce projet là mais on a pas encore trouvé le financement qui nous manque ... parce que c’est pas juste une chaîne française qui va financer une série, il faut vraiment vendre à l'international, donc c’est en phase d’être fait mais malheureusement avec le 11 septembre le monde de l’animation s’est un petit peu rétrécit mais on espère que « Thomas & o » démarrera à la fin de l’année.

On s’est relancé sur « Urban » qui est devenu Molly, donc le concept est toujours le même, mais il s’est affiné avec le temps ... et le truc important c’est que le héros est devenu une héroïne afin de rajouter une touche émotionnelle au personnage, pour qu’en plus du délire on ait un panel d’émotion comme dans les séries japonaise, avec de l’émotion, de l’action, de l’humour, mélanger un peu tous ces trucs là.

On a repris un peu le design, on a laissé libre court à ce qu’on voulait faire au départ, un coté assez japonais et en le mélangeant au truc européen, pas faire une série de « manga » mais faire une série a forte influence japonaise revue et corrigée.

On a fait un petit trailer de seulement 2min30 mais avec en moyenne un plan toutes les 16 images donc c’est speed, on l’a fait l’été dernier en 2 mois, c’était très rapide quand même pour un truc assez complexe qui mélange la 2D et la 3D, il a été bien reçu, les diffuseurs aiment, on a signé avec France3 un deal de développement, on négocie avec plusieurs grosses chaînes européennes, la concurrence est forte mais on espère tirer notre épingle du jeu ... croisons les droits pour que Molly parte en prod.

Ce qui est intéressant c’est qu’on est aussi en contact avec des boites japonaises qui ont beaucoup aimés le travail qu’on avait fait sur le trailer, on voudrait bosser avec une boite française de 3D et un studio japonais pour la 2D et mélanger un petit peu les 2 techniques comme on a fait sur le trailer.

Bosser avec le Japon c’est vraiment un truc qui nous branche vraiment donc on est à fond dans cette option là. Ce qui est sympa aussi c’est tout le bouche à oreille qu’il y a autour du pilote qui est passé dans quelques festivals et qui a gagné quelques prix. Il y a eu un reportage sur nous au Japon qui nous a permis de nous mettre en contact avec certaine boites japonaises, et sur le net ça télécharge bien, on est sur pas mal de site en téléchargement, sur certains sites notamment on a des bons « ratings » et de très bon « fan-sites » qui ont étés fait dont un très bon en France et 2 américains ... donc c’est le début de quelque chose qui est assez vivant et qui fait vivre un peu le projet.

On est aussi en contact avec des boites de jeux vidéos, on essaie de voir si il y a moyen de monter un deal la dessus avec eux. Ce qui est marrant c’est qu'il y a des gens qui ont vus le trailer sur le net, et qui nous contactent ... Il y a des rencontres qui se font comme ça donc on espère que tout va se concrétiser.

Tsuka : Votre premier projet a été refusé il y a 4 ans, vous l'avez retravaillé pour devenir ce qu’il est aujourd’hui mais est ce que vous pensez que la vague « Pokémon » a permis d’ouvrir plus facilement les portes des diffuseurs pour ce nouveau trailer par rapport à l’époque ?

SYE : Il y a un facteur déterminant qui nous a fait poursuivre dans notre influence japonaise, de ne pas la renier mais de l’exploiter, c’est « Pokemon ».

C’est une série qui a extrêmement bien marché et si on réfléchit bien y a pas énormément de séries japonaises qui marchent bien a l’étranger ... c’est aussi une des raisons qui me fait penser que les boites japonaises ont envie de bosser avec nous et entre « Pokemon », Digimon » et « Card captor Sakura », ça a envoyé un grand coup de nouveauté, et je pense que hormis le marché du DVD qui présente pas mal de séries particulières, les séries télé sont considérés comme étant pour les gamins, il y a des problèmes de standards pour un diffuseur européen et que ce soit un bonne chose ou une mauvaise, c’est comme ça.

En tout cas toute cette vague là a changé le point de vue des chaînes européennes, et maintenant il n’y a plus aucun stress sur l’animation ... je dirais même au contraire, chez certains diffuseurs. Pour Molly, le mélange des genres est un truc qui plaît beaucoup. D’un coté producteur des chaînes qui ont pas trop envie de passer de l’animation japonaise ou qui ont des raison stupides d’image, d’actionnaires, de machins, Molly est pour eux le compromis idéal, qui a la pêche d’une série japonaise sans en être une ... je veux pas rentrer dans le débat du « c’est bien ou pas bien » mais en tout cas pour nous c’est un avantage.

C’est clair que les mentalités ont changées mais pas partout non plus, y a des chaînes qui refusent de passer de l’animation japonaise, y a des gens très hermétiques, y a des gens qui sont un peu énervés de cette vague là et qui voudraient ramener vers quelque chose de plus traditionnel ... enfin on va voir, affaire à suivre, en tout cas nous on est à fond dans cette mouvance là et on va essayer de casser la baraque sur tout.

Je vous remercie beaucoup.