Ca fait maintenant plus de 9 mois que nous sommes arrivés, et nous avons travaillé pendant tout ce temps a la création des scenarios, designs, elements 3D et story-boards de près de la moitié de la série.

Voici un deuxième bilan vous présentant plus en détail l'avancement de la série de Molly.

Sans trop dévoiler de mystères, je tenais a signaler a tous ceux qui nous suivent et nous encouragent (et que nous remercions au passage) que l'animation du premier épisode de Molly est enfin terminée. Elle a démarré en juillet 2004, les modèles etaient prêts depuis longtemps et nous n'attendions plus que le feu vert des partenaires sur le story-board. L'épisode passe ces jours-ci au compositing. J'ai déjà vu des animations colorisées et c'est du beau travail. Molly est mignonne comme tout mais c'est encore trop tôt pour se prononcer sur la qualité globale, j'attend de voir les plans après le compositing.

Pour les connaisseurs, je tenais a signaler que le staff du premier épisode était monsieur Oohashi au story-board (poses clés sur Millenium Actress, boardeur sur Ima soko ni iru boku, Last exile, Planetes, Samurai Champloo…), comme metteur en scène madame Sayama ( boardeur sur Last exile, Chrno crusade…) et comme directeur d'animation monsieur Kumagai (entre-autre, poses clés sur Tokyo Godfathers, Paranoia agent, le film de Naruto…).

Ce premier épisode fut apparemment un épisode dur pour les animateurs ... pas mal d'action exclusivement en 2D. En plus les designs - assez simples - des personnages leur ont donné du fil a retordre. Le character plus classique de la plupart des séries japonaises (avec nombre de details dans les cheveux, les yeux, ou les costumes) permet d’obtenir plus aisement des dessins satisfaisants a l’ecran. Les designs plus simples doivent etre dessines avec plus de rigueur car les erreurs sautent tout de suite aux yeux et il est tres facile de s’eloigner du modele. Par contre les intervalles sont beaucoup plus faciles a dessiner.

M. Kumagai a du reprendre quasiment toutes les poses clefs a lui tout seul - un travail qu'il est difficile d'imaginer (un épisode comportant environ 350 plans, il a facilement du redessiner au moins 1000 dessins en un mois, un mois et demi). Je precise au passage que chaque animateur clef prend en charge le layout et les poses clefs de 30 ou 40 plans en sur une periode de 2x2 semaines. En gros, il y faut compter une dizaine d’animateurs clefs par épisode.

Nous avons beaucoup avancé sur l'ecriture (jusqu'à l’épisode 14), les designs (jusqu'à l’épisode 12) ainsi que les story-boards (jusqu'à l’épisode 10) et la production va maintenant pouvoir passer en vitesse de croisière, même si l'organisation des équipes n'est pas de tout repos. Pour ce point nous nous en remettons au staff japonais qui fait des pieds et des mains pour trouver des bons animateurs, espece qui se fait de plus en plus rare. La production des layouts des épisodes 2 a 5 est en cours actuellement . Plusieurs equipes travaillent en parallele..

Du côté parisien, le studio Pumpkin 3D ne fait pas pale figure et continue le travail de preparation de tous les éléments necessaires aux séquences de course de la série qui seront donc pricipalement realisees en 3D. Je tiens a souligner l’excellence du travail de ce petit studio, rempli de jeunes gens motives, dont la plupart sont issus de Gobelins, ou nous avions fait connaissance. La qualite de leur travail en modeling, setup et texturing est exemplaire. L’epreuve du feu sera le passage au layout et a l’animation, mais nous sommes d’ores et deja en train de preparer activement cette phase pour eviter les mauvaises surprises.

Petit apparté, le directeur de Bibofilms (qui est un studio jumele avec Pumpkin 3D), Pascal Chevé, est passé nous voir fin Août, et il était stupefait d’entendre certains chiffres : 100 séries d'animation produites en même temps - donc autant de nouveaux épisodes diffusés chaque semaine, 4 énormes studios d'anim, une trentaine de studios de taille moyenne , comme HAL, le notre (qui produisent 1 ou 2 séries en même temps), puis une centaine de petits studios indépendants, qui comportent 5 ou 6 personnes. Tout le monde ici travaille la plupart du temps sur plusieurs projets en même temps et bossent dans des délais record. Rien que pour la série télé, il doit y avoir 4000 ou 5000 animateurs clefs, mais c'est trop juste, on manque cruellement d'animateurs ici. Les conditions de travail sont si difficiles que les vocations sont de plus en plus rares. Les producteurs sont en permanence en train d'essayer de rabattre les meilleurs sur leur production. Début septembre, on a par exemple récupéré un animateur qui avait trvaillé sur Steamboy.

90% des séries sont éditées en DVD et la raison qui explique un tel foisonnement de productions, c'est qu'investir dans l'animation en cette période économiquement difficile au Japon est plus interessant que ce que rapportent les interêts banquaires ...

Une touche touristique pour finir : nous avons visite le Studio Ghibli début septembre, ils nous ont montré comment etaient fabriques les effets speciaux de leur prochain film « Hauru no ugokushiro ». C'est amusant de voir qu'ils travaillent avec une version éculée de softimage et que la plupart des effets de compositing sont faits avec Toonz (un programme qui a bien 8 ans). De quoi faire réfléchir ceux qui sont toujours à la recherche des techniques les plus pointues et des derniers plug-ins... On a également eu la chance de rencontrer Miyazaki, de bonne humeur, avec qui on a pu parler pendant bien 20 minutes. Il a feuilleté avec enthousiasme le carnet de croquis de Stan ... Nous etions tous bien sur tres intimides, et ravis de cette rencontre improvisee. Il travaille actuellement sur la developpement de 3 nouveaux courts-métrages pour le musée Ghibli. Travailler sur ces petits films avait l'air de le réjouir profondément. C'est vrai que les oeuvres destinées au musée ne font l'objet d'aucune contrainte, leur conception est totalement libre.

A bientôt pour d'autres compte-rendus :) !

Thomas Romain,
au nom de l'équipe Sav! The World