Dans le cadre de la sortie la semaine prochaine au Japon du film franco-japonais Anzu, chat-fantôme ("Ghost Cat Anzu"), réalisé par Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita, une vidéo making-of a été mise en ligne, permettant d'apprécier le travail de rotoscopie effectué sur ce long métrage.



La rotoscopie étant je rappelle un procédé d'animation dont le principe est de travailler entièrement une oeuvre (l'ensemble de sa mise en scène et des plans / séquences) sur une base d'abord filmée en prises de vues réelles. Et ce avec un libre/infini choix pour le faire, pas simplement en *traçant* des lignes (qui n'existent de toute façon pas de base ;-), contrairement à ce que quelques personnes pensent parfois. La roto étant évidemment aussi différente des "références" que les animateurs traditionnels utilisent parfois pour s'inspirer dans leur travail afin d'animer quelques mouvements ou éléments d'un plan.

C'est ainsi que les deux réalisateurs ont travaillé, en choisissant la rotoscopie, un terme dont ils font d'ailleurs largement la promotion (et pédagogie pour les néophytes), en festivals, interviews, et même en hashtag ("ロトスコープ" / "Rotosukopu", c'est pareil en japonais :-).
Sachant qu'ils avaient déjà collaboré ensemble sur un précédent projet en rotoscopie il y a plusieurs années, et que Yoko Kuno est une animatrice habituée/spécialisée dans la roto depuis plus de 10 ans.

La particularité du style de rotoscopie de Kuno étant qu'elle rajoute souvent une bonne surcouche de retravail dans un esprit d'animation 2D, aboutissant à un très charmant juste milieu entre live action et animation traditionnelle, qui garde le côté décontracté issu de la base live action, et insuffle une bonne dose touchante propre à la 2D.

Un équilibre rare, mais qui ne doit pas faire oublier que toute production en rotoscopie est une oeuvre d'animation, et une oeuvre d'art, avec des artistes graphiques derrière, pas que pour l'animation, mais aussi les couleurs, les décors, et tutti quanti.
La base de la base étant évidemment que des artistes apportent quelque chose, sinon ce procédé n'aurait tout simplement aucun intérêt par rapport au live action.

Et c'est bien tout le charme de la rotoscopie, il n'y a donc absolument pas une seule façon de la pratiquer, c'est très libre, comme tant d'autres process d'animation d'ailleurs.

En l'occurrence, voici ci-dessous un bonus/souvenir d'un autre long métrage en rotoscopie, sur lequel Yoko Kuno avait été directrice de l'animation : "The Case of Hana & Alice" (2015), où elle avait ici opté, avec le réalisateur Shunji Iwai, pour un mélange et point d'équilibre différent d'Anzu, utilisant de la 2D mais aussi de la 3D.

Que de façons différentes d'aborder la rotoscopie donc, procédé aussi varié que méconnu du public (et même de certains artistes). Et le talent d'animateurs / réalisateurs comme Yoko Kuno est heureusement là pour essayer de stimuler un peu tout ça :-]



From Catsuka on Twitter :

What I like about the rotoscoping style of "Ghost Cat Anzu" is that it keeps the chilled feel of live action, while injecting a good dose of the pure charm of 2D animation.
A happy medium, thx to director duo Yoko Kuno (anim) & Nobuhiro Yamashita (live).pic.twitter.com/4WKKvshmbB https://t.co/tCFPz44sGV

— Catsuka (@catsuka) July 12, 2024

https://twitter.com/catsuka/status/1811747391218811066

https://twitter.com/catsuka/status/1812095851684077648

https://twitter.com/catsuka/status/1812097230125277278