jem a écrit :Au fait, il faut que tu vende combien d'albums pour rembourser ta dette ? Et qu'est-ce qui se passe si t'y arrives pas ? On te coupe le petit doigt ?
... C'est à peine plus subtil que ce qu'a dit Patrou:
Déjà, ça dépend des contrats, pour le premier HK, sorti en 96 je me suis fait enfler par.... mes collaborateurs.
Nous étions 6 sur le coup: deux co-scénaristes (dont un qui a pris la poudre d'éscampette au bout de 40 pages), un encreur qui a pété un cable et n'encrait plus que les décors au bout de 36 pages, et deux coloristes...
Nous étions payés (brut) 1300 francs/ planche.
-460 pour mézigue
-240 pour l'encreur
-150 par co-scénariste
-300 par page couleur
(Une misèèèèère... Mais bon.)
Tout ça en avance sur droits d'auteur (ce qu'on appelle un "à-valoir"), à "rembourser" avant de toucher davantage de sous.
Un petit calcul rapide nous indique donc que pour 1 an de travail (acharné) j'ai donc été rémunéré 50 000 francs net.
ça calme.
Attendez, vous n'avez pas tout vu.
En ce qui concerne les remboursements de nos à-valoirs sur les ventes, ça s'est calculé à parts égales, et non au pro-rata de ce que nous avions touché en avances...
Sous le fallacieux prétexte que "on est une trouuupe!" et que "nul ne peut dire qui fait quoi pour que ça marche" et patati et patata...
Quoiqu'il en soit, ce qui est sûr, c'est que j'étais le seul à réclamer un rembnoursement au pro-rata de nos avances, puisque il n'y a que moi que ça pénalisait vraiment, étant donné que j'avais touché la plus grosse part... et que j'avais fait la majeure partie du travail.
Ce qui nous donne au final sur 8% du prix hors taxe d'un livre vendu:
1,5% pour ouame
1,5% pour l'encreur dont j'ai fait la moitié du travail
1,5% pour chaque co-scénariste de
mon histoire, même celui qui a disparu en cour de route
1% pour chaque coloriste...
Un autre petit calcul rapide nous amène à la conclusion qu' un des co-scénariste aurait touché des droits à partir de 17 000 albums vendus, et moi... à partir de... (roulement de tambour...)
37 000 albums vendus!
... Chiffre que nous n'avons jamais atteind puisque le score de la première édition du HK 1.1 version 96 est de 25 000.
Ce qui est une bonne vente.
Malgré tout.
Je n'ai donc, à ce jour pas perçu un rond de plus que mon avance de l'époque.
Pour la réédition, j'ai fait renégocier les contrats dans mon sens, et il me sera plus facile de finir de rembourser ce fucking à-valoir qui traine depuis maintenant 8 ans...
Il est tout de même à savoir qu'un éditeur gagne plus par bouquin vendu que son (ses) auteur(s), mais surtout que par un système comptable semestriel, il fait travailler l'argent qui nous est dû, avant de nous le reverser, à date fixe, deux fois par an.
Sinon, il lui serait impossible de faire des investissements pareils sur des bouquins qui prennent en moyenne un an à se faire...
Sur un bouquin comme le premier HK, Glénat était rentré dans ses frais au bout de 8 000 exemplaires vendus, c'est-à-dire au bout de 6 mois d'exploitation du titre en librairie...
Y'a pas, c'est bô le capitalisme!
Ce qui signifie donc que lorsqu'on vend bien son bouquin, et qu'en plus on a mal négocié son contrat... Ils nous poussent à continuer la série!
I'sont contents!