
Pfiiiou le temps passe toujours aussi vite et déjà 2 semaines sans répondre!

C'est reparti je m'y remets en espérant pouvoir retrouver une certaine régularité (c'est pas gagné


Alors je reprends mes chtits post-its qui étaient restés collés sur mon buro et j'essaye un truc de ouf et sans filet: je reprends (ou plutôt j'essaye de reprendre) là où j'en étais sur la base de mes notes sans relire tous les derniers trucs et puis on verra bien où ça nous mène. A priori ça sera certainement moins exaustif et structuré que les posts précédents mais ça me permettra de gagner quelques heures de sommeil et puis ça nous fera rebondir sur d'autres trucs, vu que nous sommes sur un thread interactif (merveille de la technologie moderne

Allez c'est parti:
>CGGZA: Ouais le dernier truc dont je voulais parler concernant le taf des réals qui devraient s'intégrer dans les équipes d'écriture, expliquer leur vision aux scénaristes et bosser avec eux et partager leurs problèmes, etc...
et bien c'est clair que t'as raison et je suis d'accord avec toi, je pense que la plupart des réals le font (lorqu'ils sont impliqués ds le projet et ont envie de bien faire -et heureusement ça reste une majorité- mais la plupart du temps c'est surtout au tout début de la prod que ça se fait (c'est le moment où la production réunit la direction d'écriture et l'équipe de scénaristes avec la (ou les) chaîne(s) coproductrices ou pré-acheteuses du programme pour discuter (donc avec le réal) du ton, du style et du planning de la série pour que tous (en théorie

Après ça éventuellement le réal motivé va essayer de continuer à conserver un lien (et un certain contrôle) sur l'écriture.
Et en général c'est là où les choses peuvent se compliquer pour diverses raisons:
-les scénaristes ne bossent dans leur immense majorité jamais sur place, donc le réal n'a comme lien avec eux que la direction d'écriture.
(un réal qui appelle un scénariste pour lui faire des commentaires sur son script ça n'existe pas -ou alors c'est parceque le réal est aussi auteur littéraire ou producteur, mais c'est rare- et donc si il veut faire des commentaires en amont (c'est mieux

-mais parfois la direction d'écriture est à l'étranger donc c'est moins évident pour le réal de communiquer simplement et sympathiquement avec des vrais gens devant toi et eventuellement dans ta langue maternelle ou une langue avec laquelle t'es à l'aise et en mesure d'exprimer de manière claire et précise ton point de vue.
-parfois le producteur choisit des équipes d'écriture renommées ou en bons termes avec les chaînes, parceque comme ça c'est parfaitement formaté pour les demandes de certains diffuseurs importants étrangers (comme les ricains, gros marché de dollars sonnants et trébuchants).
Et donc parfois c'est la chaîne elle même qui impose un directeur d'écriture d'écriture qu'elle apprécie et qui sera pour elle un gage de qualité (ou tout du moins elle aura ce qu'elle veut).
C'est à ce stade parfaitement clair pour tout le monde que le réal doit avoir les meilleures relations possibles avec la direction d'écriture s'il veut recevoir des scripts le plus possible en adéquation avec sa vision du truc. Mais au delà de la qualité artistique du script le réal doit aussi dealer avec des contraintes techniques, définies (en principe

-Quantité de "réut":
selon ton budget tu vas pouvoir faire plus ou moins de création de personnages, de décors, de véhicules, d'accessoires, et d'effets spéciaux, et tu as donc obligation économique d'une certaine quantité d'adaptation et de réutilisations d'éléments existants.
-Le calibrage des scripts:
selon le format de ton programme (sa durée)et son rythme global souhaité, le réal définit lors de ces premières réunions (et confirme ou précise après avoir fait son animatique sur le premier script) le nombre moyen ( ou maximal) de séquences et de dialogues désirés pour les scripts afin d'avoir à la fin la bonne durée de "corps d'épisode" (l'épisode sans génériques début et fin), sans avoir eu à couper plein de séquences et de dialogues (ce qui peut générer bien logiquement des problèmes narratifs -"trous", liens bizarres, histoires incompréhensibles (surtout en 26') et autres désagréments vocaux comme des personnages qui sont -au mieux- tout le temps en train de parler quels que soient les plans à l'écran, ou -au pire- des interlocuteurs qui répondent à des questions qui ont à peine (ou même pas encore) finies d'être posées (il manque des pauses fondamentales entre les dialogues pour rendre les réactions des personnages crédibles, mais le dial n'a pas pu être coupé parcequ'il contient une information importante pour le dévellopement et la compréhention de l'histoire.) Le dial(ogue) a été inséré au forceps entre 2 autres pavés de dial dont la cassette des voix enregistrées bout à bout d'après le script fait par exemple 32 minutes pour un corps d'épisode qui doit en faire 22, ou encore 15 minutes pour un corps d'épisode qui devra en faire 11'45''...

Les exemples de timing que je donne sont la fourchette extrême haute mais sont bien rééls et constatés sur beaucoup de prods, et malheureusement j'ai l'impression que tout le monde s'y est un peu habitué, ou n'a pas le choix (c'est ce que les chaines ont validé, démerde toi pour que ça rentre).

Alors je te laisse, si tu le souhaites, expliquer pourquoi on en arrive à des trucs comme ça, en racontant de ton point de vue le processus d'écriture et de validation des scripts, afin de donner à nos amis un contrepoint et un aperçu le plus complet possible du système dans lequel nous évoluons.
Et puis je vais essayer de te la faire courte parcequ'avec tout ce que j'ai pu expliquer jusqu'ici, tu dois bien te douter que j'ai essayé de suivre au maximum l'écriture le plus en amont possible (dès les propositions de synos) pour anticiper au maximum d'eventuels problèmes et faire comprendre ma vision du truc en essayant d'aider au maximum dans la mesure de mes moyens (au passage, je n'ai jamais entendu personne dire qu' écrire des histoires pour l'audiovisuel c'était facile). Et naïvement je pensais que tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu'au jour où j'ai fait des commentaires qui n'étaient pas des compliments.
A partir de là j'ai passé une paire d'années disons... "difficiles"

>Thomas: Concernant ton expérience actuelle sur "Molly" avec les trois réals complémentaires, et ce que tu racontes des japs scénaristes qui dessinent/boardent animent et réalisent : je savais pas du tout que cette méthode était appliquée là bas, en tous cas effectivement ça donne d'excellents résultats, je travaille moi même dans une configuration similaire et à ma connaissance plutôt rare en Europe dans le cadre série TV, et donc les japs nous avaient encore une fois largement devancés

En tous cas, si dans un cadre plus classique on se retrouvait systématiquement à discuter de l'épisode avec le scénariste, avant et après le board pour trouver des soluces et lui montrer nos contraintes et problèmes spécifiques ben c'est clair que ça arrangerait bien des choses, ferait retrouver des vies sociales à certains et améliorerait le niveau global de manière significative.
Des volontaires?

J'en viens à la réponse du quizz qui a tenu en echec (à ma grande surprise

la question était en gros après avoir expliqué les problèmes en cascade et en cercle vicieux qui découlaient des retards d'écriture, comment éviter en théorie et simplement, que ta prod dépasse son budget, au risque de te virer, voire de faire que la boîte se casse la gueule (cf le post le plus long

alors?
...
-roulement de tambour-
...
(Ok ok ça vient. Vous avez attendu un mois c'est pas la peine de faire un nervous breakdown juste là

Il suffit de démarrer ta prod quand tous (ou presque tous) tes scripts sont écrits.
Ben ouais.
C'est con, hein?
Mais bon malgré le fait que ce soit imparable et stupéfiant de simplicité et de logique, rares sont ceux qui l'appliquent parceque ça veut dire en pratique que:
-une (ou des) personne(s) a bossé sur un projet auquel elle croit tellement et dont elle est si sûre que ça va marcher et qu'on va lui acheter qu'elle a complètement abouti l'ensemble du concept littéraire (voire visuel) et qu'elle a pris le temps (long pour que ça soit bien) d'écrire au minimum 13 ou 26 scripts de 26 minutes chacun.

-un producteur qui a eu une idée (qu'il juge bonne) a fait travailler un (des) scénariste(s) pendant des mois et des mois (gratuitement parcequ'ils trouvent l'idée géniale et qu'ils n'ont pas besoin d'être payés - ou le producteur les paye de sa poche) pour avoir la quasi totalité de ses scripts prêts lorsqu'il va aller voir des diffuseurs, certain que ceux-ci vont lui acheter sa série sur le champ et en l'état (ou avec des modifications très mineures).

Comme vous l'aurez compris ces situations sont assez invraisemblables mais pas impossibles, et une variante plus simple et plus plausible est l'élaboration d'une histoire globale avec une écriture feuilletonnante qui démarre avec un maximum de scenarios des premiers épisodes complètement écrits et les séquenciers de tous les suivants jusqu'à la fin déjà prêts à être dévelloppés (bien sûr éventuellement par d'autres scénaristes) sous l'étroite supervision des auteurs originaux.
Et là, même si c'est pas sans risque, plus tu auras de scripts prêts au démarrage de la prod, plus tu seras sûr d'éviter la catastrophe (industrielle), et tu te garantiras un niveau plus homogène et a priori de meilleure qualité (artistique), vu que t'es moins (voire pas du tout) à l'arrache pour livrer tes scripts.
J'arrête là pour aujourd'hui, il me reste 3 post-it sur les 5 de tout à l'heure, on est pas rendus mais faut bien faire un break (et dormir!

Ah si!
>Kinobiok: je suppose que tu t'es déjà renseignée, en tous cas la seule chose que je peux te dire de manière certaine et précise c'est que ton dessinateur qui fait des props (toujours lui


Si par contre à la base sur la prod en question il est un des auteurs graphiques et qu'il fait un truc comme cette même lampe ou ton logo, à ce moment là il peut se lancer dans une bataille juridique à l'issue incertaine mais qu'il a des chances non négligeables de gagner après X années de procédure...
A+
Béreu
