La Tortue Rouge a été projeté cet après-midi au festival de Cannes (dans la sélection Un Certain Regard). Et j'ai eu la chance de voir le film.

Vous le savez, ce long-métrage de Michaël Dudok De Wit était l'une de mes grosses attentes cette année. Verdict ? Chef d'oeuvre !

Un film risqué car sans dialogues, mais tellement universel dans son histoire, son graphisme, son immersion, son fantasme ... Au bout de quelques minutes, le *héros* retient son souffle: je faisais de même. On rentre dans ce périple intemporel avec une facilité déconcertante.



C'est simplement pur, poétique, et puissant... la musique joue beaucoup, et l'animation énormément aussi, évidemment. Je ne compte plus le nombre de scènes où j'ai été simplement bouleversé par la mise en image. Ce film est pour moi la démonstration de la force de l'animation à l'état pur, pour peu qu'on soit sensible à ce qu'elle procure par rapport au live. Des scènes comme celle de la *drague* sous l'eau (vue dans le trailer) touchent à la perfection. Tout comme beaucoup d'autres choses et sentiments animés avec finesse.



On est souvent devant des plans longs et larges (les décors sont fabuleux), mais les personnages restent toujours très vivants, même dans un coin de l'écran. Le travail sur l'acting est extrêmement poussé, se permettant même quelques agréables variations comme des mouvements un peu plus "cut" pour un jeune enfant, ou l'intrusion de quelques gestes presque *civilisés* dans un moment de gêne d'un personnage, par exemple.



Évidemment, ce film est aussi un exception pour d'autres raisons, dont le fameux Studio Ghibli, ici coproducteur. On joue beaucoup sur cette association, ce "credit" qui aidera sans nul doute beaucoup à la promotion, mais la réalité tout à fait honorable, c'est que Dudok De Wit a réalisé son propre film en France, sans se soucier du style de Ghibli, et que du côté du studio nippon (qui a initié le projet), on a souhaité lui laisser quasi carte blanche aussi. C'est seulement sur la demande du réalisateur que Isao Takahata a suivi le projet (il est crédité en tant que producteur artistique), le seul autre véritable représentant de Ghibli sur cette prod étant le producteur historique Toshio Suzuki. Il est d'ailleurs présent ces jours-ci à Cannes aux côtés du réalisateur - et même plus présent que ce dernier sur les photos qui en découlent pour l'insant (un des effets sans doute du trauma post-arrêt-de-Ghibli qui aveugle pas mal de fans et de pros, tous cherchant à retrouver coûte que coûte du Ghibli quelque part).

Standing ovation pour LA TORTUE ROUGE de Michaël Dudok de Wit, lauréat @FondationGan, au @Festival_Cannes ! pic.twitter.com/Oz6BEfwOwv

— Fondation Gan Cinéma (@FondationGan) 18 mai 2016

Je pourrai aussi citer Arte qui pour la première fois s'associe à un long-métrage d'animation, mais j'aurai surtout envie de rappeler que La Tortue Rouge est le 7e long-métrage d'animation français qui sort depuis la rentrée dernière, et qu'il serait enfin temps qu'on ait un succès au box-office dans ce domaine là. Bien sûr les films précédents le méritaient aussi, et je surveille également la sortie prochaine de Ma Vie de Courgette (présenté à la croisette aussi), mais La Tortue Rouge à évidemment un potentiel grand public qu'il faudrait arriver à transformer au moment de la sortie en salles, le 29 juin. Je compte sur vous, donc :-)

Et je n'oublie pas de rappeler encore une fois que le film s'est donc fait en France, animé au studio Prima Linea à Angoulême avec notamment Jean-Christophe Lié à la direction de l'animation, et Pascale Ferran qui a aidé au scénario.



En attendant, je vous laisse avec la bande annonce et deux extraits du film.







Un grand bravo à tous les producteurs du film : Wild Bunch, Why Not Productions, Belvision, CN4 Productions, ainsi que donc Studio Ghibli et Arte France Cinéma (sans oublier la Fondation Gan qui a soutenu le projet).